L’augmentation des droits d’inscription des étudiants étrangers : pourquoi une vraie faute ?

Par CHRISTIAN PHILIP

La décision d’augmenter drastiquement les droits d’inscription des étudiants étrangers est une vraie faute.

D’abord on peut s’étonner des conditions dans lesquelles cette décision a été prise, en pleine crise des « gilets jaunes  » ( avec donc le risque de mobiliser les étudiants ) comme sans concertation avec les organisations étudiantes et même semble-t-il la Conférence des Présidents d’Universités et celle des directeurs des Grandes Écoles. Présenter aussi cette mesure dans le cadre d’un plan dit « bienvenue en France » fait sourire ! Il y a déjà là une méthode pour le moins contestable et maladroite.

Ensuite la motivation mise en avant, renforcer l’attractivité de nos établissements d’enseignement supérieur, peut pour le moins susciter interrogations et être contestée. Malheureusement vu l’état de nos universités comparé aux universités des autres grands pays d’accueil, l’augmentation poussera plutôt, quitte à payer plus, à se diriger vers le Canada ou l’Allemagne ( si on considère que les USA et le Royaume Uni sont trop coûteux ). Surtout nous fermons la porte à notre public traditionnel, celui de la plupart des pays francophones, et spécialement d’Afrique. Comment alors croire encore que la France défend la Francophonie ? Si l’objectif est, comme dit, de viser le public chinois, qui en effet peut payer, faisons jouer une exception francophone et alignons les ressortissants des pays membres de l’OIf sur les droits des étudiants français et communautaires. La symbolique serait forte.

Mais la meilleure solution ne serait-elle pas d’en finir avec notre système toujours aussi centralisé et de laisser chaque établissement fixer les droits des étudiants étrangers non communautaires ?

Christian Philip, membre du groupe « Que Faire ? », ancien Recteur, ancien Représentant personnel du Président de la République pour la Francophonie.